21 mai 2014

Le prince Robert de Luxembourg

Le prince Robert, Louis, François, Marie de Luxembourg est né le 14 août 1968 au château de Fischbach. Il est le fils du prince Charles (1927-1977) et de la princesse Joan (1935), née Douglas Dillon. Le mariage de ses parents n'avait pas facilement été accepté par la famille du prince puisqu'en plus d'être roturière Joan était divorcée. Mais suite à l'annulation par Rome en 1963 de la précédente union et la persévérance du prince Charles, ses parents se sont mariés le 1er mars 1967 à Guildford dans le Surrey, entourés de la famille grand-ducale. Le 15 septembre suivant, était née prématurément à New York une fille, la princesse Charlotte.

Le prince Charles et la princesse Joan vers 1967
Photo Sam Lévin (Paris) - Collection personnelle


Le prince Robert a été baptisé le 22 août en la chapelle du château de Fischbach par le Très Révérend Dr. Gordon Albion, ancien professeur du prince Charles lorsqu'il étudiait à l'Université de Louvain qui fut également l'instructeur de Joan lorsqu'elle s'est convertie au catholicisme et qui a apporté la bénédiction au couple lors de leur mariage. Ses parents avaient choisi comme parrain le prince François de Bavière et comme marraine la baronne Barbara Wambold. Cette-dernière s'était faite remplacée à la cérémonie par la princesse Alix de Luxembourg, sœur de Charles.   

Photo prise lors du baptême (© AP Wirephoto)


Scolarisé dans des écoles à Larochette puis dans le quartier huppé de Belair, à Luxembourg, il a passé son enfance au château de Fischbach, la résidence de la grande-duchesse Charlotte - ayant déjà abdiqué en 1964 - et du prince Félix. Dans une interview accordée en 2013 à Sotheby's, le prince Robert a déclaré : « J’adorais le château, une superbe habitation dans un cadre idyllique et bucolique avec une vue sur les bois, les terres agricoles et le petit village. Nous vivions avec mes parents, mes grands-parents, une tante et deux cousines. Famille et invités s’y rendaient souvent et y logeaient. C’était merveilleux d’être si proche de ma grand-mère, la grande-duchesse Charlotte, et d’autres membres de notre grande famille »1.

Le prince Robert lors de sa première communion
(Photo Tony Krier - Collection personnelle)

Les parents du prince Robert ont assumé plusieurs engagements au grand-duché et son père a repris en 1969 le siège qu'occupait le prince Félix au sein du Conseil d’État. A l'occasion, les enfants ont participé à certaines sorties officielles, comme la procession de l'Octave. L'été, la famille quittait le grand-duché pour se rendre notamment au château de Haut-Brion. Ce domaine viticole, produisant un vin très réputé, a été acquis en 1935 par Clarence Dillon, le grand-père de la princesse Joan. Les premiers contacts entre le prince Robert et ce domaine familial remontent aux étés 1972 et 1973 durant lesquels sa mère supervisait des travaux de rénovation et d'ameublement. 

Souvenir de la communion du prince Robert (« Madonne » de Ferruzzi)
Collection personnelle



Le 2 mai 1976, le prince Robert, ainsi que sa sœur Charlotte, a effectué sa première communion en la cathédrale Notre-Dame de Luxembourg. L'année suivante, à presque neuf ans, il a connu la douleur de perdre son père, décédé inopinément suite à une attaque cardiaque, le 26 juillet 1977, dans sa propriété près de Florence. Vu son âge, il n'a pas assisté aux funérailles célébrées le 30 juillet à Luxembourg en présence entre autre du roi Baudouin qui avait interrompu ses vacances et du roi Michel de Roumanie.

Au Château Haut-Brion avec sa mère et sa sœur Charlotte en 1992

Le 3 août 1978, sa mère s'est remariée aux États-Unis avec Philippe de Noailles (1922-2011), 7e duc de Mouchy. Après avoir passé ses onze premières années au Luxembourg, le prince Robert a quitté le grand-duché pour poursuivre sa scolarité à la Worth School, un pensionnat tenu par des moines bénédictins dans le Sussex. Ensuite, il a suivi des cours de littérature et de philosophie à Oxford. Il a quitté la Grande-Bretagne à l'âge de 17 ans pour deux ans à l'Université de Georgetown (Washington D.C.) tout en fréquentant des écoles artistiques où il a étudié la sculpture. Sa formation, il l'a parfaite par trois années de voyages : il a étudié cinq moins à Florence, s'est rendu au Moyen-Orient et en Afrique du Nord avant de passer sept mois en Amérique du Sud, puis il a effectué un voyage de six mois en Inde et au Népal et a enfin vécu en Amérique centrale et au Nouveau-Mexique. 

Donnant le bras à sa sœur Charlotte, le 18 septembre 1993, lors de son mariage
avec Marc Cunningham en l'église Saint-Paul-de-Mausole à Saint-Rémy-de-Provence
(
© Corbis)

En 1987, il a rencontré dans la propriété familiale de Dark Harbor, située dans le Maine, celle qui deviendra son épouse. Julie, Elizabeth Houston (Dewi) Ongaro est née le 9 juin 1966 à Louisville dans le Kentucky. Elle est la fille du Dr. Theodore Ongaro, un urologue officiciant dans un hôpital de Boston ainsi que professeur à la Harvard University Medical School, et de Katherine Houston Deeg Ongaro, une artiste et créatrice des Katherine Houston Porcelaines. Ils se sont mariés le 29 janvier 1994 en l'église « The Church of the Advent » à Boston - où Julie a grandi - entouré d'un nombre limité de proches.



Le couple a eu trois enfants : Charlotte, Justine (née le 20 mars 1995 à Boston), Alexander, Théodore, Charles, Marie (né le 17 avril 1997 à Aix-en-Provence) et Frederik, Henry, Douglas, Marie (né le 18 mars 2002 à Aix-en-Provence). N'ayant pas sollicité le consentement du grand-duc Jean lors de son mariage, l'épouse et les enfants du prince Robert ne pouvaient prétendre à aucun titres. Cette situation a été rectifiée par un arrêté grand-ducal du 27 novembre 2004 par lequel leur étaient reconnus la qualification d'altesses royales et les titres de prince ou princesse de Nassau. 

(© Domaine Clarence Dillon)

Avant même leur union, dès 1992, le prince Robert a décidé d'aider Julie dans l'écriture d'un scénario sur Don Juan. Le couple de scénaristes a même été signé par la Creative Artists Agency même si aucun de leurs projets n'a été adapté au cinéma. Après le mariage, le couple partageait sa vie entre l'Europe et l’État du Maine, où le prince Robert avait acheté deux ans plus tôt sa propre propriété. Fidèle au grand-duché, le Prince y conserva une résidence secondaire. Ce retour sur le continent européen coïncidait avec une implication grandissante depuis le début des années 1990 dans la gestion de la propriété bordelaise familiale, même s'il était entré au conseil d'administration dès ses dix-huit ans.

Le prince Robert avec l'ancien président américain Bill Clinton lors des 75 ans
de l'achat du Château Haut-Brion par Clarence Dillon, célébrés le 12 juin 2010
au Metropolitan Museum of Art à New York
(© Clint Spaulding/Patrick McMullan)


Rejoignant à temps plein la direction du domaine en 1997,  le prince Robert en devient directeur général en 2002, fonction occupée jusqu'alors par son beau-père le duc de Mouchy. Trois années plus tard, à son initiative, sont créés Clarence Dillon Wines, une maison de négoce, ainsi que Clarendelle, première marque super premium de vin de Bordeaux. Il a également fait entreprendre des travaux de rénovation au Château La Mission Haut-Brion, propriété voisine qui avait été acquise sur décision de sa mère Joan en 1983, faisant également tomber dans le giron familial les crus associés Château Laville Haut-Brion et Château La Tour Haut-Brion.

Le 18 juin 2011, le prince Robert reçoit au Château Haut-Brion Guido Westerwelle,
ministre allemand des Affaires étrangères, et son homologue français Alain Juppé,
maire de Bordeaux

(© EPA/Rainer Jensen/Corbis)

En août 2008, il a succédé à sa mère en tant que président directeur général. Le prince Robert, vivant avec sa famille à Genève, voyage beaucoup afin de promouvoir ses vins. Sous son impulsion, le Domaine Clarence Dillon s'est étendu en Saint-Emilion avec l'achat en 2011 de Château Tertre Daugay, ensuite renommé Château Quintus, qui a absorbé en 2013 Château L'Arrosée, « convaincu que ce vignoble rivalisera bientôt avec ses aînés des Domaines Clarence Dillon au rang des meilleurs vins de la région »2. Par ailleurs, son autre projet devrait voir le jour à l'été 2015 avec l'inauguration d'un nouveau siège parisien, dans un hôtel particulier sis Avenue Franklin Roosevelt, qui servira de vitrine aux différents produits du domaine avec un restaurant, des salles de réception et une boutique. Pour son travail, le prince Robert a été mis à l'honneur en 2011, tout comme le chef Jacques Pépin, lors d'un dîner organisé à New York par le Festival du Vin et de la Gastronomie.


Le prince Robert et la princesse Julie lors des 75 ans de l'achat du Château Haut-Brion par Clarence
Dillon, célébrés le 10 juin 2010 à Lancaster House à Londres
(© Domaine Clarence Dillon)

Le prince Robert et la princesse Julie sont apparus à quelques événements qui ont émaillé la vie de la famille grand-ducale ces dernières années comme les noces d'argent du grand-duc Henri et de la grande-duchesse Maria-Teresa en 2006 ainsi que celles de la princesse Margaretha et du prince Nikolaus de Liechtenstein en 2007, ou encore les mariages de l'archiduchesse Marie-Christine et du comte Rodolphe de Limburg Stirum à Malines en 2008 et celui du grand-duc héritier Guillaume et de la comtesse Stéphanie de Lannoy en 2012 à Luxembourg. 

Rejoignant le Palais grand-ducal après le mariage
religieux du grand-duc héritier en 2012

(© RTL)
_________________________
Sources :
1. RITCHIE Jamie (2013),
« The Sotheby's Wine Interview: Prince Robert de Luxembourg », Sotheby's [lien]
2.
AFP (2013), « Pour Château Quintus, Haut-Brion étend son implantation en Saint-Emilion », Le Parisien [lien]


- REGINATO James (2007),
« Master of the Château. After a stint in Hollywood, a prince takes the reins of a family treasure », W Magazine [lien]

- « Luxarazzi 101: Prince Robert of Luxembourg, His Family and Wines » (2013), Luxarazzi [lien]
- Les différents sites Internet lié au Domaine Clarence Dillon :

5 mai 2014

Palais Royal : la Salle du Trône

La Salle du Trône, la plus grande avec quarante-et-un mètres de longueur et vingt-sept mètres de largeur, est considérée comme la plus emblématique des salles du Palais royal. Elle a vu le jour suite aux travaux d'agrandissement et de réaménagement demandés par le roi Léopold II en 1868 à Alphonse Balat. Auparavant, d'autres endroits de l'édifice ont servi de "salle du trône". Sous l'époque hollandaise, le roi Guillaume Ier utilisa tout d'abord un endroit proche de ses propres appartements, à l'arrière de l'aile droite de l'édifice, puis ce que l'on appelle encore aujourd'hui le Grand Salon Blanc, et elle fut enfin déplacée vers 1825 au niveau de l'actuel Salon des XVII Provinces (voir ci-dessous). Avec le roi Léopold Ier, c'est le Salon Bleu, considéré alors comme le plus prestigieux endroit du palais, qui occupa cette fonction symbolique.




La Grande Salle des Bals, comme elle était appelée à l'époque, a été terminée en 1872 et une partie était effectivement utilisée comme salle du trône. Donnant sur le jardin arrière, elle est en réalité divisée en trois parties dont celle se trouvant au centre, la plus vaste (26m x 18,5m), communique de part et d'autre avec deux espaces identiques (16,5m x 10m), à savoir le Salon des XVII Provinces (vers les appartements de l'aile droite) et le Salon des Présentations (vers la Salle de Marbre). La séparation s'opère à l'aide de trois larges et hautes baies composées d'arcades en plein centre reposant sur deux groupes de quatre pilastres cannelées.

Salon des Présentations


L'ornementation, de style Louis XVI, est directement inspirée des Tuileries et de Versailles. La dorure à la feuille d'or est prédominante : sur les plinthes, les chapiteaux, les entablements ou encore aux plafonds. Les bas-reliefs de la partie centrale sont censés représenter des activités économiques liées à huit provinces belge - la province du Brabant n'étant pas présente car le palais s'y trouvait - comme l'ancre pour la province d'Anvers ou le chien de chasse pour celle de Luxembourg. Quatre de ces bas-reliefs peuvent être attribués au célèbre Auguste Rodin qui séjourna six ans en Belgique et collabora à ce travail. Au dessus des portes se trouvent par contre des bas-reliefs de Thomas Vinçotte qui illustrent allégoriquement l'Escaut et la Meuse, symboles du nord et du sud du pays. Des portraits d'artistes du XVIIe siècle, tels Pierre-Paul Rubens, Antoine van Dijck, Jacob Jordaens et Jérôme Duquesnoy, se trouvent sur les parois du fond de la salle.


(© Antonio José da Conceição Ponte/tous droits réservés)


Le décor est complété par un buste de Guillaume Geefs (1841) représentant le roi Léopold Ier en uniforme et portant plusieurs décorations, par onze lustres en bronze doré à cristaux et par vingt-huit grandes appliques que la reine Elisabeth avait d'ailleurs décidé de faire teindre en ocre afin qu'elles produisent une lumière plus douce. C'est également l'épouse du roi Albert Ier qui fit installer des tentures de velours et de soie rouge. Le parquet est composé de chêne, d'érable, d'acajou et d'ébène. Outre les divers dessins géométriques que les entrelacs de marqueterie forment, le monogramme du roi Léopold II est également rappelé dans ce parquet.


(© Antonio José da Conceição Ponte/tous droits réservés)

Le roi Léopold Ier avec le grand cordon et la plaque de Grand-Croix de l'Ordre de Léopold à titre
militaire, la plaque de Chevalier de l'Ordre de la Jarretière et la Croix de Chevalier de l'Ordre de la
Croix de fer (Prusse)
(© Antonio José da Conceição Ponte/tous droits réservés)

Remplaçant la salle de bal qu'était auparavant la Salle Empire, une des premières manifestations qui s'y est déroulée fut un bal de la Cour donné le 2 février 1875 avant le mariage de la princesse Louise, fille aînée du roi Léopold II, avec son cousin le prince Philippe de Saxe-Cobourg. Un orchestre peut d'ailleurs prendre place dans une loge située en balcon. Plus tard, lors des bals, comme le tout dernier donné en 1958, une estrade dotée d'une base en fer de cheval, destinée à la famille royale, était placée le long du mur du fond de la Salle du Trône. De part et d'autre, se plaçaient le corps diplomatique, le gouvernement et les membres des maisons royales. Le Salon des Présentations permettait, comme son nom l'indique, d'y présenter les débutantes ou les personnes pour la première fois invitée au Palais. 

Abdication du roi Léopold III le 16 juillet 1951

Dernier bal donné à la Cour en 1958 en présence du roi Baudouin, du roi Léopold III et de la
princesse Lilian, du prince Albert, ainsi que des princesses Beatrix et Irène des Pays-Bas,
le diadoque Constantin de Grèce ou encore de la princesse Marie-Gabrielle de Savoie

La Salle du Trône était également utilisée pour les grands dîners. Une grande table de vingt mètres de long et de deux mètres de large se voyait alors renforcée par quatre tables perpendiculaires pouvant accueillir deux cents invités. Lors du dîner de gala donné en 1966 dans le cadre de la visite d’État en Belgique de la reine Élisabeth II du Royaume-Uni et de son époux le duc d’Édimbourg, on comptait 253 convives. Pêle-mêle, ce lieu a accueilli par ailleurs la signature de l'acte d'abdication du roi Léopold III en 1951, le 80e anniversaire de la reine Élisabeth, le mariage civil du roi Baudouin et de la reine Fabiola en 1960, un dîner rassemblant les Prix Noble belges Ilya Prigogine, Christian de Duve et Albert Claude en 1971, la présentation officielle de la Fondation Roi Baudouin en 1976, un grand dîner réservé au corps diplomatique à l'occasion des 150 ans de la Belgique en 1980 ou encore la signature de l'acte d'abdication du roi Albert II en 2013. De manière annuelle, c'est dans la Salle du Trône que le Roi prononce son discours de Nouvel An destiné aux autorités du pays ou que se déroulent les concerts d'automne et de Noël. 

Mariage civil du roi Baudouin le 15 décembre 1960
Lors du dîner de gala offert à la reine Beatrix et au prince Claus des
Pays-Bas lors de leur visite d'Etat en Belgique le 31 mars 1981
Photo : Agence Van Parys
  
Cette salle a été restaurée en 1955 puis en 1985 où il s'agissait notamment de décrasser les bas-reliefs ou de rétablir des peintures originales. La dernière grosse rénovation date de 2010 dans le cadre de l'accueil au Palais du Sommet Europe - Asie. La Salle du Trône s'était d'ailleurs transformée en salle de réunion avec des cabines d'interprétation, ce qui demanda par la suite que le parquet soit traité. On en profita également à l'époque pour remplacer les lampes - pas moins de 2.800! - par un éclairage LED, bien plus économique, spécialement conçu par une entreprise belge.


Lors du sommet Europe - Asie (© Régie des Bâtiments)
Embed from Getty Images

Sources principales
- DE LA KETHULE DE RYHOVE T., VANDEWOUDE E. et VAN YPERSELE DE STRIHOU A. (1975), Le Palais Royal à Bruxelles, Bruxelles, Pehel Brussel
- RANIERI L. (1991), « Les grandes heures depuis 1830 » dans Le Palais de Bruxelles. Huit siècles d'art et d'histoire, Bruxelles, Crédit Communal, pp. 345-372
- VERMEIRE M. (1991), « Le Roi dans ses meubles » dans Le Palais de Bruxelles. Huit siècles d'art et d'histoire, Bruxelles, Crédit Communal,pp. 303-344