24 juin 2015

Palais royal de Bruxelles : la Salle des Glaces

La Salle des Glaces doit son existence aux travaux commandés par le roi Léopold II à l’architecte Henri Maquet en 1904 afin de doter le palais d’une nouvelle façade qui était alors jugée comme inesthétique. Se trouvant à l’emplacement de l’ancien hôtel du commandant militaire autrichien, trois petits salons, déjà remaniés sous la période hollandaise, avaient été rassemblés dans le cadre de ses travaux pour former une salle de vingt-six mètres et demi de longueur sur onze mètres de largeur. 



Le décor de cette salle devait évoquait le Congo, Etat indépendant dont Léopold II était le souverain depuis 1885, notamment au travers de fresques allégoriques au plafond. Cependant l’architecte décéda le 27 novembre 1909, suivi le 17 décembre suivant par le monarque commanditaire des travaux. Ceux-ci furent terminés en 1910, mais le roi Albert Ier demanda que, face aux fenêtres, quatre grandes glaces encadrassent les pilastres cannelées, faites de marbre beige veiné de blanc. Le plafond, lui, fut recouvert d’une couche de couleur provisoire avec monogramme du roi Albert Ier. 

© Antonio José da Conceição Ponte/tous droits réservés

© Antonio José da Conceição Ponte/tous droits réservés


La Salle des Glaces qui se veut être inspirée, tant au niveau des proportions que des boiseries, de la salle d’un palais italien possède des murs mêlant le marbre et le cuivre. Les portes sont sculptées dans le chêne. Deux cheminées monumentales, faites en marbre et en bronze doré, sont situées de part et d’autre de la pièce. Ce sont les seuls éléments qui évoquent l’Afrique puisqu’une carte de ce continent y est incrustée. L’éclairage est dû à trois lustres et dix appliques en bronze doré de style Louis XVI. 

Décor au-dessus des portes
© Antonio José da Conceição Ponte/tous droits réservés

Des angelots entourant le monogramme du roi Albert Ier
© Antonio José da Conceição Ponte/tous droits réservés


En 2002, à l’initiative de la reine Paola, le plafond et le lustre central ont été décorés de 1,4 million élytres de scarabées thaïs. Cette œuvre contemporaine, Heaven of Delight, est signée Jan Fabre. Elle a nécessité trois mois de travail pour une équipe de vingt-neuf personnes. Le visiteur peut d’ailleurs s’amuser à retrouver dans cet ensemble un « P », un hommage à la reine Paola dont l’initiative acheva enfin ce plafond. Afin d’admirer la réverbération de la lumière sur les élytres, un éclairage spécial a été installé. 


A l’origine, la Salle des Glaces pouvait servir comme lieu de présentation par les corps constitués de leurs vœux aux souverains à l’occasion du Nouvel An. Lors des réceptions, un buffet pouvait y être dressé et une grande loge, située sous la voûte du plafond, pouvait accueillir un orchestre. A deux reprises, les lieux ont servi de photo souvenir pour des sommets en présence de chefs d’Etat et de gouvernement : un sommet à l’occasion de la présidence belge du Conseil de l’Union européenne en 1987 et le Sommet Europe-Asie en 2010. Lors de l’ouverture estival du palais, les lieux accueillent bien souvent des activités ludiques pour les plus jeunes ou des expositions. 


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Sources principales : 
- DE LA KETHULLE DE RYHOVE T. (1965), "Description des salons du Palais Royal de Bruxelles", dans Léopold Ier et son règne, Bruxelles, Archives Générales du Royaume, pp. 83-84 
- DE LA KETHULLE DE RYHOVE T., VANDEWOUDE E. et VAN YPERSELE DE STRIHOU A. (1975), Le Palais Royal à Bruxelles, Bruxelles, Pehel Brussels, p. 93 
- RANIERI L. (1991), « Les grandes heures depuis 1830 » dans Le Palais de Bruxelles. Huit siècles d'art et d'histoire, Bruxelles, Crédit Communal, pp. 345-372 
- VERMEIRE M. (1991), « Le Roi dans ses meubles » dans Le Palais de Bruxelles. Huit siècles d'art et d'histoire, Bruxelles, Crédit Communal, pp. 303-344